Semaine russe - jour 4
Pour ce quatrième jour, retour à un classique : Journal d'un Ouf, de Gogol ! Mais c'est en fait un recueil de 3 nouvelles : Journal d'un Fou (pff, c'est chiant quand il faut être respectueux envers le travail d'un auteur), Le Portrait, et la Perspective Nevsky.
Bon alors, pour tout vous dire, à chaque fois que je dis ou pense au nom de l'auteur, je me marre. Oui, j'ai 5 ans d'âge mental.
Donc, je l'ai choisi pour savoir comment un auteur russe a pu distiller la folie d'un personnage à travers son journal. J'ai toujours aimé lire des journaux intimes, et encore plus lorsque son propriétaire a tendance à dérailler... Bon, ok, je l'ai aussi choisi parce qu'il faisait moins de 150 pages (toujours aussi traumatisée par Anna Karénine).
Pour la 1ère nouvelle, Poprichtchine (5 mins pour écrire son nom) commence fort : son boulot, c'est de tailler les plumes de son boss, dont il aime la fille. Le jour où il entend le chien de celle-ci parler à un autre, il décide de voler la correspondance canine pour en savoir plus sur sa dulcinée. Dépitée par le manque d'intérêt de son entourage, il découvre alors qu'il n'est autre que le roi d'Espagne, et que la Terre va s'écraser sur la Lune. Donc, il est fou.
J'ai adoré cette nouvelle. Le personnage est complètement barré, sa logique, même si elle part dans la mauvaise direction, est assez correcte, et il fait partie des fous que l'on affectionne : vous savez, celui qui pourrait se prendre pour Napoléon !
L'écriture colle tout à fait au thème du journal intime, de la folie : il n'y a qu'à voir les dates notées, qui changent de plus en plus, jusqu'à déclencher des rires.
Pour le portrait, je l'ai un peu moins appréciée. C'est l'histoire d'un peintre désargenté qui achète un vieux tableau représentant un homme inquiétant, particulièrement bien rendu. Le portrait lui fourni alors de l'or, et à partir du moment où le jeune peintre va l'utiliser, il va perdre tout ce qui faisait de lui un véritable artiste.
Le thème n'est pas franchement original, déjà vu, traité d'une autre manière, dans beaucoup de nouvelles (manque de pot, ce n'est que maintenant que je lis Gogol !) Ensuite, le personnage m'était moins sympathique que le premier. Et la fin, légèrement banale.
La dernière histoire du recueil est une ode à la Perspective Nevsky, composée à 80 % d'une description parfaite, mais interminable ! Une promenade le long de ses bâtiments peut être vécue de plusieurs manières, le matin, en milieu de journée, ou le soir : ses occupants changent selon les heures, les plus riches cèdent la place aux classes moyennes, aux ouvriers, etc.
On va suivre deux personnages, l'un peintre (encore), l'autre lieutenant, qui vont suivre chacun une femme, jusqu'à leur perte ou leur déshonneur.
Ces textes sont magistralement inquiétants, on ne lâche pas le bouquin avant de savoir ce qui arrive à ses hommes qui se sont laissés avoir par une illusion.
Bref, un excellent recueil pour aborder la littérature russe, sans avoir besoin de retenir une cinquantaine de noms !
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