Un blog trop mortel
Et non, je ne parle pas du mien. Mais celui-ci parle aussi de zombies !
Il s'agit de celui d'Allison Hewitt, qui survit à la fin du monde, infecté par des morts-vivants, en se terrant dans l'arrière-boutique d'une librairie. Elle parvient à se connecter sur le Snet (l'Internet surprotégé de l'armée), et y parle de son cauchemar en y publiant des billets : la recherche de nourriture, d'un nouvel abri, etc. Certains survivants parviennent à poster quelques commentaires, et elle devient ainsi une lueur dans la nuit.
Ce bouquin parle de zombis, alors il me le fallait !
1er hic : la couverture... une fille avec une moue de pétasse rebelle, avec un maquillage qui a coulé, façon The Crow. ça veut dire quoi, qu'elle est une zombie, qu'elle dort mal, ou seulement qu'elle ne trouve plus de lingettes démaquillantes ?ça ne met pas en confiance, du tout. Ensuite, la hachette, décrite comme une hâche dans le livre (soit le traducteur a eu un problème, soit l'illustrateur ne sait pas faire la différence entre un épluche légumes et un couteau de boucher), parce qu'il est aussi difficile de croire qu'elle puisse découper du cadavre avec une hachette qu'il est difficile de croire qu'une jeune femme puisse soulever ne serait-ce que 3 fois de suite une vraie grosse hâche, alors qu'elle ne mange qu'un paquet de doritos par jour.
2ème hic : le titre. Comment dire... Il est à chier. Là où l'auteur avait trouvé un titre frappant, accrocheur, l'éditeur français en a saboté le sérieux.
3ème hic : le format blog en lui-même. Il faut savoir qu'à la base, Madeleine Roux, l'auteur, avait réellement ouvert un blog (fictif, hein : http://helptheyarecoming.wordpress.com/), où elle incarnait Allison Hewitt en proie aux zombies. Elle a été contactée à mi-chemin du dénouement pour en faire un livre.
Sauf que voilà : difficile de mettre un suspens crédible dans un article de blog. Surtout quand ceux qui commentent sortent des phrases du genre : "Oh mon dieu ! j'espère que tu n'as rien eu !" Bah oui abruti ! c'est sûr qu'avec un bras en moins, elle aurait pu raconter son aventure sans problème !
C'est ce qui m'a toujours énervée dans ce moyen de traiter une histoire de survie. Bien sûr, on connaît déjà le dénouement, puisque le narrateur est le héros. Sauf pour Kick Ass, où il explique bien qu'au début, le narrateur peut avoir crevé, comme dans Desperate Housewives.
Puisqu'on sait tous désormais qu'il est impossible de survivre aux zombies, ça fiche un coup au moral d'avoir une histoire de fin de monde qui manque de glauquitude (et oui, j'invente un mot, j'assume. En même temps, vu qu'on va tous crever, on s'en fiche un peu).
Voilà, ça c'était pour la forme. Maintenant, l'histoire. Bah elle en jette quand même. Parce qu'une étudiante en littérature, qui bute du zombie à la hâche, couche avec un quincagénaire, et recherche sa maman peut-être morte, et tout ça avec une cheville foulée, des côtes cassées, et même pas une bagnole digne de ce nom... bah chapeau.
Vous comprendrez qu'on donne ici dans du Big Survival, du Deuxmilledouzesque (encore un mot inventé), avec des mouvements tectoniques qui te sauvent la vie (et je ne parle pas de la danse), mais ça fait plaisir. Parce que sinon, on se serait lassé avec 500 pages dans l'arrière-boutique d'une librairie.
L'héroïne se sacrifie beaucoup pour ses nouveaux meilleurs amis, fricotte avec un prof d'astronomie (qui ne nous pond même pas une théorie sur la fin du monde), ancien militaire (prof ???) qui a plus de 50 ans (je sais je me répète, mais ça m'a surprise de trouver ça dans un livre pris au rayon littérature jeunesse) et toujours marié, joue à Cathy Bates avec un beau gosse, étrangle une ex-mère de famille croyante et barge. Bref, que du bonheur.
Et pour ceux qui croiraient encore que c'est une histoire vraie, tirée d'un vrai blog, ahem... c'est daté de 2009. Alors arrêtez la bibine, et penchez-vous sur la question de décembre 2012, il va falloir se préparer un minimum pour survivre !