Celle que vous croyez, réalisé par Safy Nebbou
Synopsis :
Pour épier son amant Ludo, Claire Millaud, 50 ans, crée un faux profil sur les réseaux sociaux et devient Clara une magnifique jeune femme de 24 ans. Alex, l’ami de Ludo, est immédiatement séduit. Claire, prisonnière de son avatar, tombe éperdument amoureuse de lui. Si tout se joue dans le virtuel, les sentiments sont bien réels. Une histoire vertigineuse où réalité et mensonge se confondent.
J'avais été charmée par le précédent film de Safy Nebbou, Dans les forêts de Sibérie. Peut-être était-ce grâce à Raphaël Personnaz, peut-être était-ce à cause du paysage et de sa musique.
Ici, le scénario est tout autre, exit la poésie de vivre en solitaire dans le blanc absolu, on plonge dans un Paris non "carte-postalesque" pour suivre le faux parcours amoureux d'une quinquagénaire larguée.
De Juliette Binoche, on se rappelle Le Chocolat ou Le Patient Anglais, et plus tard, on reste charmés par sa classe et sa prestance. Et bien, pour Celle que vous croyez, elle bouscule toute l'image d'elle que l'on a laissé sur un piédestal. Elle fait peine à voir, mal coiffée, pas maquillée, mal fringuée, larguée par son mari, son jeune amant, par tout ce qui l'entoure.
Quant à François Civil, on entend d'abord sa voix (son casting s'est d'ailleurs basé sur cela, le réalisateur ne le regardant pas pendant qu'il lisait son texte), et il faudra attendre la dernière partie du film pour le voir.
Si le réalisateur abuse des plans en drône, il varie avec des gros plans sublimés par une lumière qui affirme l'âge de l'héroïne, tout en lui donnant une beauté diaphane saisissante. A nouveau, Safy Nebbou a embauché Ibrahim Maalouf pour la bande-originale de Celle que vous croyez, une musique qui a ce je-ne-sais-quoi qui vous laisse le goût d'y revenir, vous savez, quand vous vous dites : "elle est superbe, cette musique !". Après, quand vous apprenez que c'est Ibrahim Maalouf qui l'a composée, vous comprenez votre coup de coeur !
Au final, le thème du film est bien loin d'une comédie romantique et flirte plutôt avec le thriller, malgré quelques scènes pourtant hilarantes. Le résultat est troublant, et le visionnage devient addictif, malgré une fin bizarre. On a l'impression que l'auteur du roman ne savait pas comment conclure et a balancé sur le papier les trois possibiltés ("nan, ça c'est trop facile... ça c'est trop tragique...").
Dans le making of du film, vous pourrez voir que l'ambiance du tournage est à l'opposée du film, bon enfant et drôle pour tourner un drame. Juliette Binoche avait déjà eu comme partenaire, il y a quelques années, François Civil, cette fois-ci dans le rôle de son fils. Pour rehausser cette impression d'anonymat, les deux acteurs ne se sont pas vus avant de tourner leur toute première scène (in real life) ensemble. Celui qui jouait désormais son amant avait dû se cacher pendant toute la première partie du tournage pour échapper au regard de sa partenaire.
Celle que vous croyez confirme le travail minutieux et magnifique de Safy Nebbou, qui a offert à Juliette Binoche l'un de ses plus beaux rôles...
Le film, édité par Diaphana Edition Video (la page Facebook), est sorti en DVD, Blu-Ray et VOD le 2 juillet.
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