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1 septembre 2015

Jours sans Faim

un-jour-sans-faim1

Cela s’était fait progressivement. Pour en arriver là. Sans qu’elle s’en rende vraiment compte. Sans qu’elle puisse aller contre. Elle se souvient du regard des gens, de la peur dans leurs yeux. Elle se souvient de ce sentiment de puissance qui repoussait toujours plus loin les limites du jeûne et de la souffrance. Les genoux qui se cognent, des journées entières sans s’asseoir. En manque, le corps vole au-dessus des trottoirs. Plus tard, les chutes dans la rue, dans le métro, et l’insomnie qui accompagne la faim qu’on ne sait plus reconnaître.
Et puis le froid est entré en elle, inimaginable. Ce froid qui lui disait qu’elle était arrivée au bout et qu’il fallait choisir entre vivre et mourir.

J'ai toujours eu du mal à me projeter dans les histoires d'anorexie, parce que quand je vois passer un pain au chocolat tout juste sorti du four, il faudrait m'abattre pour m'empêcher de me jeter dessus.
Je vous avoue que c'est le nombre de pages qui m'a poussée à entamer la lecture du roman de Delphine de Vigan. ça, et le fait que j'avais adoré Les Heures Souterraines.
Et là, je me suis retrouvée totalement immergée dans la tête de Laure, seule face à son combat pour se remplir.
L'auteur a su trouver les mots justes, simples, percutants sans être "commerciaux" pour me faire avaler son histoire. Pas de faux-semblants, pas de psychologie à deux balles qui vous file la gerbe, pas de jugement sur ceux qui sont des deux côtés de l'écran de la balance. On est au coeur de la non-action, on sombre, on lutte avec elle, on a du mal à déglutir pour elle.

Mais bon, à la fin du bouquin, on se délecte d'une tablette de chocolat. On culpabilisera plus tard, ou on râlera sur le tapis de course. C'est la magie de la littérature. Le temps d'une centaine de pages, moi, la dévoreuse de viande crue, l'accroc aux bonbons qui piquent, la fille qui s'habille au rayon grandes tailles, j'ai été anorexique.
Heureusement, sitôt la dernière page tournée, on revient à l'air libre.

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