La Stratégie Ender... où comment un gamin devient un grand chef

Terre. Futur.
Notre planète a été attaquée, il y a quelques dizaines d'années, par des extra-terrestres ressemblant à des insectes géants, les Doryphores (après les arachnydes, on sent l'amour inconditionnel des écrivains de SF pour ces délicieuses bestioles).
Grâce au sacrifice héroïque de Mazer Rakham qui a bousillé le vaisseau mère dans son petit avion de chasse, les aliens se sont carapatés chez eux.
Les terriens, légèrement terrorisés, se disent : "Oh ! Non ! Je n'ai pas envie de crever sous les coups de mandibules de ces phasmes ! Envoyons plutôt nos enfants à notre place au combat. On va faire croire à tout le monde que ces petits nerds accrocs aux jeux vidéos seront bien plus doués que des adultes pour trouver des stratégies inédites !" Bon, en même temps, face à des insectes, je crois que n'importe quelle stratégie humaine aura l'air bizarre...

Ender Wiggins est un gamin d'une douzaine d'années, malingre, l'air malsain et un peu trop intelligent, alors tout le monde le déteste à l'école et veut lui éclater la tronche. C'est le dernier né de sa famille, le 3ème, celui en qui tous les espoirs de l'humanité reposent. Car oui, en effet, Indiana Jones vient le chercher en personne pour l'emmener à l'académie militaire des étoiles dans le ciel pour en faire le futur commandant des forces armées de la Terre (12 ans, juste avant l'adolescence, les filles, la voix qui mue, les poils qui poussent et les cartographies nocturnes. Quelle bonne idée. Dans le bouquin, Ender a 6 ans au début, alors, bizarrement, ça me paraît beaucoup plus crédible...)

Han Solo le repousse dans ses retranchements, il veut en faire un chef. Il va l'isoler des autres, le forcer à affronter ses démons (son frère est un psychopathe sadique et sa soeur participe à des concours de beauté pour enfants, alors on le comprend), lui mentir et l'épuiser. Ender va bien morfler, estropier un ou deux camarades d'école et se faire des potes (et éventuellement, une copine). Le collège quoi.

Un peu plus près des étoiles... Ici, on s'envoie en l'air d'abord, et se tape dessus ensuite.

Alors bon. Harrison Ford et Ben Kingsley passent largement au second plan, derrière la prestation d'Asa Butterfield. C'est dingue ce qu'il arrive à montrer d'un simple regard, là où d'autres auraient surjoué (je ne me suis pas encore remise de la prestation de Chloë Moretz dans Carrie la Vengeance) le pauvre petit gringalet incompris. La colère ? Il gère. La peur ? oui, il flippe un peu, mais il assure. La baston ? Il mousse. La marche du prépubère maladroit ? Il mérite l'Oscar.

Dans les bonus du DVD, le jeune acteur explique qu'il a lu le livre avant de se lancer dans l'aventure du tournage. Les autres ont préférés dire : "Non... Je voulais m'immerger tout nu dans le rôle, ne pas laisser mon jeu être influencé par la vision de l'auteur... blablabla" Oui, ils ne vont pas dire qu'à part les scénarios que leurs agents leur envoient, la seule littérature qu'ils consultent, ce sont les magazines Gala, Closer et compagnie pour voir s'ils ont encore une petite place parmi leurs pages.

ça, c'était pour les comédiens. Pour l'adaptation en elle-même, le livre a été assez épuré. Ender n'a que quelques batailles à mener dans la salle d'entraînement en apesanteur, là où le roman y passe pas mal de temps pour épuiser le personnage. Le film mise peut-être un peu plus sur les peurs de l'enfant, la relation père-fils qu'il voudrait avoir avec le général, alors que celui -ci se voit plutôt en train de sculpter son oeuvre maîtresse.
Le réalisateur a su rendre les petits détails touchants de l'enfance, et l'hypocrisie de ces crevures d'adultes.
Lors du final, même si on le sent arriver, on angoisse carrément pour cet enfant qui a un tel poids à porter. Ici, les grands ne lui posent pas une main rassurante sur l'épaule, ils vont carrément lui grimper dessus, tout en lui ébouriffant les cheveux. Qu'ils sont taquins !

Ce film a été un très gros coup de coeur pour moi, au point de me plonger dans la saga d'Orson Scott Card, et pour une fois, ce n'est pas parce que le personnage principal a de l'allure torse nu !

Ce film, réalisé par Gavin Hood, est distribué par Metrofilms. Il est sorti en DVD et en Blu-ray le 6 mars 2014.

Un immense merci mandibulé à Nico, de Cinétrafic ! Vous pouvez d'ailleurs retrouver, sur le site :

- le film

- bande annonce

Comments

[Nathalie]

Superbe résumé, très amusant ! Je suis heureuse d'apprendre qu'on peut apprécier le livre après avoir vu le film, qui m'a donné l'impression que cette histoire a été bien simplifiée.

[Carole]

De mon côté, j'ai trouvé le film plutôt moyen. Je trouve qu'il met assez mal en avant ce que traverse Ender dans le sens où il va particulièrement vite. Cela donne légèrement l'impression qu'il arrive et qu'il trouve vite la solution car il est le Boss quoi. :D. Bien entendu, cela n'enlève pas le poids psychologique de ce qui se passe à un certain degré, mais c'est loin d'avoir la complexité recherché. J'ai trouvé que le film n'était pas très spectaculaire, j'aurais aimé des scènes plus immersives, plus belles, plus scotchantes. Rien de tout cela pour moi.