Rengaine, par Rachid Djaïdani

Cinetrafic me permet toujours de voir des films sur lesquels je ne me serait même pas retournée en magasin. Cette fois-ci, c'est Rengaine qui a attérit dans ma boîte aux lettres.

Paris, aujourd'hui. Dorcy, jeune Noir chrétien, veut épouser Sabrina, une jeune Maghrébine. Cela serait si simple si Sabrina n'avait pas quarante frères et que ce mariage plein d'insouciance ne venait cristalliser un tabou encore bien ancré dans les mentalités de ces deux communautés : pas de mariage entre Noirs et Arabes. Slimane le grand frère, gardien des traditions, va s'opposer par tous les moyens à cette union...

Ce film, qualifié de conte, a été salué par la critique. En effet, le fait de dénoncer ce genre de dilemne entre l'amour, la famille, la tradition a ce quelque chose d'indispensable et le cinéma est un outil à la portée et à la disposition de tous pour l'aborder, que ce soit en tant que réalisateur, ou en tant que spectateur.

Est-il question du mélange inconcevable des religions, ou de la condition de la femme musulmane en France, dont le sort doit être décidé par ses 40 frères ? (oui, quarante)

Malheureusement, ce film a été un véritable instant de torture pour moi. Pourquoi ? Oui, pourquoi tomber dans la caricature, quand on peut faire un film touchant plutôt qu'un film coup de point ?
Carticature est le mot juste. Croire que toutes les familles musulmanes sont composées d'une fratrie démesurée, penser que tout le monde, dans les soit-disant milieux multi-raciaux s'appellent "frères" ou encore "négro" entre eux. Qu'ils passent leur temps à se gueuler dessus plutôt qu'à discuter. Les stéréotypes ne rendent absolument pas justice aux vraies personnes.
Ce film m'a fait l'effet d'un gros vaudeville sur la banlieue. Un peu plus de retenue aurait été bienvenue pour aborder un thème aussi important, que ce soit pour la femme ou les relations inter-religieuses.
C'est comme si on décidait de réaliser un film sur le mariage gay, en ne montrant que de grandes folles dont les parents bourgeois, coincés, avec un accent pincé des plus stupides, la mère avec son collier de perles, et le père le chéquier en main, refusaient l'union qu'ils penseraient être contre-nature.

Et sans déconner, y'en a marre des réalisateurs qui tournent de nuit, caméra à l'épaule, qui refusent ne serait-ce que de se payer un trépier pour sortir un film qui serait un peu plus "visible", avec un grain qui se veut "artistique" mais qui est plutôt pourri.
D'ailleurs, le vrai problème, ce n'est pas que Sabrina épouse un noir chrétien. Non. C'est plutôt qu'elle veuille faire sa vie avec un acteur raté de films avant-gardistes.

Merci à DVD Trafic pour m'avoir envoyé le DVD. Mais la prochaine fois, je crois que j'opterai plutôt pour un gros nanar bourré de testostérone un peu moins crispant.

Le film, sorti en DVD le 20 mars dernier, est distribué par ARTE.

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