N'ouvre pas les yeux

Quoi ? Mais tu ne m'as pas écoutée alors ? OK. Tant pis pour toi. Tu vas devoir subir les détails d'une histoire sordide et sanguinolente.

Il était une fois une jeune princesse qui allait épouser un magnifique prince. Malheureusement, le plus beau jour de sa vie allait se transformer en dernier jour de sa vie. Elle finit décapitée, la tête face au corps, dans la cabane du jardinier.

C'est l'intrigue du deuxième roman de John Verdon, N'ouvre pas les yeux (quoi ? vous êtes encore là ?). Bon, d'accord, la princesse est en fait une gosse de riche légèrement détraquée psychologiquement et sexuellement. Finalement, ça n'étonne personne qu'elle soit assassinée. Par contre, ce qui surprend plus, c'est que le principal suspect, un jardinier mexicain embauché par le mari psychiatre, aie réussi, et d'une : à s'enfuir sans laisser de traces, et de deux : à devenir éduqué, érudit, et finalement bras droit de son patron avant de trucider sa femme.

Six mois après le meurtre, la mère de la victime embauche un flic à la retraite, Dave Gurney (le héros du premier roman de Verdon, 658), pour enquêter sur l'affaire. Son épouse râle : il a déjà risqué sa vie la dernière fois, alors là, elle aimerait qu'il s'occupe plutôt de ses plantes, au lieu d'aller courir le Mexicain, ou de faire de la retouche de photos criminelle en guise de passe-temps artistique. Mais Gurney, il s'emmerde un peu à la retraite. Et même s'il a la mémoire qui flanche concernant les détails de la vie domestique, il n'a pas son pareil pour dénicher le minuscule indice qui a échappé à tout le monde.

Je n'en dirai pas plus, histoire de ne pas spoiler le roman, mais il y aura du rebondissement en pagaille, des secrets dévoilés, la recette d'un bon désherbant, et du théâtre.

N'ouvre pas les Yeux est loin d'être un roman policier comme on en voit tant, des livres où c'est le hasard qui fait la plus grande part du boulot, où, coup de bol, les policiers trouvent un élément comme par magie pour avancer au moment où ils étaient bloqués. Non. Là, Gurney prend son bloc-notes et son stylo, passe des heures à éplucher les rapports de police, passe plein de coups de fil, se rend sur place plusieurs fois, et interroge à de nombreuses reprises les témoins, jusqu'à presque se faire dégager pour harcèlement moral.
Parce que le travail d'enquêteur, c'est ça. Un travail de fourmi, des pages et des pages à lire et à relire. Ce n'est pas l'illumination à tout les coups, et il n'y a pas une grosse flèche noire qui plane au-dessus de la tête du meurtrier. Gurney n'a pas de super-pouvoir, de sixième sens. Il est juste doué pour se fourrer dans les emmerdes jusqu'au coup et se mettre à dos, les témoins, les autres flics et sa femme.

Bref, c'est un roman policier vraiment très intéressant du point de vue travail d'enquête, et captivant du point de vue criminel.

Un grand merci à Stéphane Bourgoin, à la Librairie 3ème Oeil et l'éditeur Grasset pour m'avoir envoyé le livre !

Comments

[Lystig]

c'est au menu de ma recherche en biblio !!!!!

[Katleen]

tu donnes vraiment envie de le lire en tout cas!