Semaine Nordique - Jour 2
Mais où est Eric ? Hein ? Et bien, pas ici. Car ici, c'est le Groenland. On y caille, on y chasse, on y chasse, on y crève.
Après Jamais avant le Coucher du Soleil, voici Le Jour avant le Lendemain, de JØRN RIEL (Alt 157 pour aller plus vite). La littérature nordique aime bien brouiller les pistes avec des titres qui parlent de jour.
Si vous ne lisez pas le résumé de 4ème de couverture, vous pourriez vous croire à la préhistoire quand vous lisez ce roman : il raconte le quotidien de la tribu de Katingak, à travers ce qui arrive à sa doyenne, Ninioq. Avant l'hiver, elle se rend sur une île proche du campement, avec son petit-fils, pour y sécher la viande et le poisson récoltés pendant l'été (mais ça caille quand même, vu qu'on est au Groenland). Sauf qu'au moment où l'on doit revenir les chercher, personne ne se pointe, et là, c'est l'horreur.
J'ai adoré ce livre ! D'abord, il est rose (désolée Isil). Mais la couleur de ses pages n'attenue en rien l'épreuve que va devoir affronter la vieillarde. Il m'a beaucoup fait penser au Cadeau du Ciel, de Velma Wallis. Le problème est quasi identique, si ce n'est que l'écriture et l'histoire de Riel est beaucoup plus glauque. On y croise un détachement certain sur les malheurs que peut affronter une tribu, la vie est faite ainsi là-haut. Mon tout petit côté féministe s'est d'ailleurs pas mal de fois rebellé, à lire certains passages sur les coutumes de la tribu : les hommes enlèvent leurs futures femmes en cassant la figure aux pères et aux frères de celle-ci, l'emmène dans un coin isolé, une île par exemple, la prennent et lui taillade la plante des pieds pour qu'elles ne puissent s'enfuir, et les femmes sont très fières de montrer leurs blessures à leurs famille (ouai, youpi !).
Mais en dehors de ces besoins terre à terre, la logique de ces tribus est tout à fait géniale. S'il n'ont pas de dieu attitré, il respectent tout de même une puissance au-dessus d'eux, ainsi que tout ce qui les entoure. Ninioq explique d'ailleurs simplement des choses importantes à son petit-fils :
"- Pourquoi est-ce qu'on se fatigue d'un goût qu'on aimait beaucou avant ?
- C'est parce qu'il y a tant de sortes d'animaux à chasser. Si l'on ne se lassait pas de ce que l'on préfère, on ne chasserait sans doute rien d'autre et un jour ou l'autre, cet animal-là, justement, disparaîtrait."
C'est cette manière et cette façon de parler simplement de la vie, qui m'a touché dans ce récit. La fin n'en paraît que plus normale et simplement touchante...
Merci à Cryssilda, ma pourvoyeuse de glacial nordique !