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25 mai 2010

Scream Test

screamLors du dernier Salon du livre qui a eu lieu à Paris, je me suis procurée (et fait dédicacer) ce thriller de Grégoire Hervier. Le Lieutenant Clara Redfield est chargée de trouver où se déroule l'émission de télé-réalité The Last One, diffusée sur Internet, où tout candidat éliminé l'est au sens propre du terme après le vote du public pour sauver l'un des deux désignés.

Si le postulat de base est la dérive de la télé-réalité, le traitement sous forme policière est très bien mené malgré un sujet plus ou moins déjà vu (notamment sur les films 8 mm, Intraçable, et le roman Meurtre en Prime Time). Seulement voilà : loin de l'idée qu'un psychopathe sanguinaire mène la danse, c'est un petit raté arriviste, diablement intelligent qui met tout en place pour rammasser un maximum d'argent.
Bien que l'on sache dès les premiers chapitres qui est le créateur de cette émission, on tourne les pages de plus en plus rapidement pour savoir ce qui va en résulter. On devient totalement accroc à cette enquête comme les millions de téléspectateurs happés par leur écran.

hervier

L'auteur a gentiment accepté de répondre à quelques questions que je lui ai posées, ce qui prouve qu'il répond bien en plus de bien écrire, qu'il a le sens de l'humour... et qu'il écoute de la bonne musique :

- Comment êtes-vous devenu écrivain ? Etait-ce une vocation ? Avez-vous eu des "erreurs de parcours" ?

J’en suis venu à l’écriture par le goût des concepts et des histoires, ce que j’avais fait auparavant via des courts métrages non-professionnels. Je m’imaginais plutôt scénariste, mais, finalement, la forme du roman offre davantage de liberté. Quant aux « erreurs de parcours », je n’en ai pas vraiment eues, à moins de considérer que ce soit le parcours lui-même qui soit une erreur !

- Quelle est votre manière de travailler sur la rédaction d'un roman ? Comment cela s'est-il passé précisément pour Scream Test ?

Pour tous ceux qui sont intéressés par les méthodes d’écriture romanesque au XXIe siècle, je ne saurais que trop recommander cet entretien vidéo.


Tout y est magistralement expliqué et la rédaction de Scream Test, à une ou deux exceptions près, s’est déroulée à l’identique. Indispensable pour tout wannabe qui se respecte.

- Quel a été le déclencheur pour la naissance de ce roman ? Quelle a été l'émission de trop ?

L’élément déclencheur a été une nuit d’insomnie, lors de la canicule d’août 2003. L’émission de trop ? Je dirais La Nuit des héros, en 1991, dix ans déjà avant le premier Loft Story (et sur le service public !).

- Regardez-vous certaines émissions de téléréalité ? Ou sinon, quel genre d'émission recommanderiez-vous ?

J’en ai beaucoup (trop) regardé pour écrire Scream Test mais je m’en suis sorti. Aujourd’hui je suis fier d’annoncer que je n’ai pas vu une seule image de Secret Story ou de La Ferme des célébrités.

Le genre d’émissions que je recommanderai serait celles d’Arrêt sur images, à un
clic d’ici.

Je ne connais pas mieux pour décrypter la télévision, les médias et l’information sur Internet. Le contenu n’est pas entièrement gratuit mais, comme il donne envie de laisser sa télé éteinte, on gagne beaucoup de temps. Donc de l’argent. Au final, on y gagne. Qui plus est on y trouve une excellente émission littéraire hebdomadaire.

- Bon, on se doute du pourquoi vous avez décidé de situer l'histoire aux Etats-Unis (où les lois concernant l'audiovisuel sont un peu plus lâches qu'en France). Mais pourquoi ne pas l'avoir située dans l'univers de l'anticipation, comme Running Man, où tout serait permis ?

Sans doute parce que Running Man avait déjà été fait, de même que, quatre ans auparavant si l’on parle de la version cinéma, Le Prix du danger (1983), excellent film français du non moins excellent Yves Boissay.

Cela peut paraître idiot mais j’avais vraiment l’impression d’être le premier sur cette idée de jeu de téléréalité qui va au bout du concept d’élimination des candidats. A l’époque de mes recherches, en 2003-2004, je n’avais rien trouvé d’équivalent, même si rétrospectivement on peut trouver pas mal d’idées semblables. La spécificité de la mienne venait du fait que les candidats n’étaient pas informés de leur sort et qu’il n’y a donc de leur part aucune réaction de type survie.

L’idée dont vous parlez évoque plutôt Acide sulfurique, d’Amélie Nothomb, paru un an avant Scream Test. La question qui est posée avec Scream Test est plutôt la suivante : si un tel jeu de téléréalité devait arriver, comment les médias réagiraient-ils ? Iraient-ils, comme je l’ai imaginé, jusqu’à inviter sur leurs plateaux les parents des candidats malheureux assister en direct à la mort de leurs enfants ? C’est une vraie question, quand on voit que chaque soir, les J.T. ouvrent systématiquement sur les pires drames de la journée, les catastrophes, les accidents et les larmes en gros plan.

- Vous êtes-vous inspiré de films ou de livres pour écrire celui-ci ? Particulièrement concernant les dérives de la télévision ?

Pour les films et la construction des intrigues, je suis un grand admirateur des frères Cohen. J’adore ce mélange de noir et de burlesque, et c’est ce que j’ai voulu faire avec ce roman. Les deux derniers livres que j’avais lus avant de me mettre à écrire étaient Le Silence des agneaux de Thomas Harris, qui m’a sans doute inspiré pour mon héroïne principale, et L’Or de Blaise Cendrars, que j’ai également dévoré, fasciné par son rythme à couper le souffle. En cours d’écriture, j’ai lu beaucoup de livres se déroulant à Los Angeles, de Moins que zéro de Bret Easton Ellis à la trilogie Lloyd Hopkins de James Ellroy, dont je conseillerais surtout le premier : Lune sanglante.

Sinon, j’ai effectivement lu pas mal d’essais sur la téléréalité, le plus réussi étant selon moi L’Empire du Loft, de François Jost. Je dois également avouer avoir acquis Une erreur de casting, de William Ledru (Loft 2). Mais siiiiii, celui avec la coupe afro !

Depuis, j’ai découvert La Tentation d’une Ile. Pour le coup, c’est un témoignage de premier choix sur l’univers de la téléréalité par ceux qui la fabriquent (ainsi qu’un livre involontaire sur le narcissisme).

- Le tueur écoute du Marilyn Manson. La musique rock, les films gores, les jeux-vidéos violents peuvent-ils être un "pousse au crime" ? Par exemple, si j'aime écouter Slipknot, Sepultura, que j'ai regardé dernièrement Eden lake, tout en jouant à Bioshock sur PC, et tout ça pendant que mes voisins qui m'empêchent de dormir la nuit hurlent à tout va, est-ce que je vais monter les tuer ? (c'est juste une question, je ne fais pas ça tout les jours !)

Ouh là là, loin de moins l’idée de colporter ce genre de clichés, à peine dignes d’un reportage TF6/M1 sur le satanisme chez les ados !

L’exemple que vous citez me paraît au contraire parfaitement sain, bien plus en tout cas que d’écouter un remix tecktonik de Tokio Hotel tout en jouant à Dead or Alive Paradise après avoir visionné l’intégrale de Chapi Chapo.

Cela dit, je suis ravi de voir que l'on écoute encore Sepultura, groupe qui a bercé mon adolescence et que j’ai eu la chance de voir aux Eurockéennes de Belfort à la grande époque de Roots. J’ajouterais que ce groupe est l’auteur d’une chanson dont le titre, tout en nuance, pourrait à lui seul résumer mon deuxième roman (celui que vous m’avez promis de lire), je parle bien entendu du bouleversant Biotech is Godzilla.

Pour finir, trois petites questions idiotes :

- La fliquette s'appelle Clara Redfield. Aucun rapport avec Claire Redfield, de Resident Evil ?

Strictement aucun, bien entendu. C’est tout à fait par hasard que j’ai choisi ce nom, qui s’est en effet révélé être notamment celui d’une héroïne de série de jeux vidéo particulièrement réussie (le 2 surtout). C’est par le même hasard que de nombreuses références et autres clins d’œil à l’univers de l’horreur se sont glissés dans ce roman.

- Vous nous parlez de la section 1201 (b) de l'article 18 du Code fédéral de Procédure Pénale : existe-elle vraiment ?

Oui, absolument. Je suis un auteur sérieux qui n’écrit pas n’importe quoi. D’ailleurs j’avais pour les nécessités de mon roman appris par cœur tout le Code fédéral (un peu long parfois, c’est vrai, mais toujours intéressant), et même passé avec brio l’examen d’entrée au LAPD (qui consistait essentiellement à vider une Budweiser à l’aide d’une paille dans le nez si mes souvenirs sont bons…).

- Quel conseil donneriez-vous aux prochains candidats de Loft Story ?

Cette émission phare s’est malheureusement arrêtée au bout de trois inoubliables saisons. Peut-être devraient-ils tenter leur chance à Secret Story ? Ou alors finir leurs études. Ou en commencer, selon les cas…

Voilà, j'espère que mes questions n'auront pas été trop indiscrètes ou stupides. Un grand merci pour avoir écrit ce livre !

Mais pas du tout, au contraire. Et merci à vous !

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Commentaires
S
J'aime beaucoup l'humour de cet auteur ! <br /> Ce qui m'arrange puisque j'ai acheté son livre samedi dernier pour la Comédie du livre à Montpellier... mais dommage, il n'était pas sur place ! ;o)
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E
@ Cocola : mais si ! j'ai été à la grosse vache ! tiens d'ailleurs, vendredi...
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C
Héhéhéhé très bonne interview (je compte reprendre le concept pour les auteurs BD ^^).<br /> Sinon, je crois t'avoir croisé un midi à la célèbre Black Cow, possible que ça soit toi ou j'ai halluciné ?
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A
Sympa et très spirituel le mec, ça a dû être un plaisir de converser avec lui. Du coup, j'ai bien envie de le lire, ce roman.
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L
Oh je crois que ce livre va finir dans ma PAL, il me tente beaucoup !!!<br /> <br /> Bonne Journée,<br /> <br /> Lily
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