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14 août 2009

Comment écrire un Harlequin en 3 étapes ?

Bon, je vous demande de m’excuser par avance de la longueur de ce billet, mais je ne pouvais pas faire autrement (enfin si, mais ça n’aurait plus eu la même tête).

Donc, en attendant d’écrire les articles consacrés aux quelques livres à l’eau de rose que j’ai lu ces derniers jours, je vous ai concocté ma recette de Harlequin… Vous remarquerez l’utilisation abusive de clichés du genre, les raccourcis systématiques dans la narration, ainsi que les dialogues à tomber à la renverse de niaiseries.

Je tiens à préciser que ces textes foireux sont de ma plume, c'est mon chat qui n'a pas compris pourquoi je rallumai la lampe de chevet toutes les 5 minutes cette nuit et noircissait les pages d'un carnet...

On ne décrira pas l'héroïne de l'histoire, pour que chacune d'entre vous puisse se glisser dans la peau du personnage. Pour vous mettre la tête d’un bel homme qui m’a inspiré l’écriture de ces passages et surtout les fantasmes de mes dernières nuits, voici des photos de l’acteur en question, Kevin McKidd, le médecin militaire dans la saison 5 de Grey’s Anatomy, qui vont apparaître tout au long du récit :

kevin_mckidd

Etape n°1 : la rencontre.

Notre héroïne va voir pour la première fois celui qui va faire battre son cœur pour la durée du roman. Bien que l’histoire se veuille un minimum intéressante (on va prendre le scénario basique du témoin à protéger), l’intrigue sera principalement basé sur le « Je t’aime, moi non plus » des deux personnages principaux (c’est d’ailleurs pour cela que le livre fait moins de 200 pages… à la longue, ça lasse).

« L’agent chargé de m’accompagner au centre se voulait rassurant. Bien que j’eue été témoin d’un meurtre commandité par le chef de la pègre (rien que ça !), c’est le FBI qui allait se charger de ma protection. Pas de quoi s’en faire, donc. Facile à dire… Cela faisait 3 jours que je ne dormais plus, 72 heures depuis que j’avais vu la cervelle d’un pauvre gars éclabousser le trottoir.

Nous débarquâmes dans un bureau spartiate, une table, 4 chaises, où nous attendaient deux hommes. L’un avait la cinquantaine tassée, le ventre bedonnant, les yeux cernés et bouffis, les cheveux se faisant rares au sommet de son crâne. J’en déduis qu’il devait être le chef. Quant à l’autre… Il était grand, mais carré. Il avait la trentaine, des épaules massives laissant supposer la pratique d’un sport très physique. Sa musculature était harmonieusement développée, la coupe de son costume soulignant la ferme épaisseur de sa taille. Ses cheveux roux, contrairement à l’irréprochabilité de sa tenue, étaient en bataille. Ils encadraient un visage taillé à la serpe (ouch ! ça doit faire mal !)

Il aurait été agréable de l’admirer plus longtemps s’il ne m’avait lancée un regard plein de méfiance. Le chef fit les présentations :

- Voici l’agent Sculder (je suis vraiment désolée, c’est le premier nom qui m’est passé par la tête). Il assurera votre protection jusqu’au procès.

Génial… Sculder me toisa d’un air de reproche. Comme si c’était de ma faute si j’avais été témoin d’un meurtre ! Remarquez, si j’avais fait une bêtise, j’aurai volontiers aimé qu’il me punisse… Mais tout ce qui pu sortir de ma bouche n’était que bafouillement incompréhensible :

- Je… je suis honorée. Euh… salut.

Son œil se fit plus inquisiteur, et je me tournai vers mon guide :

- Pourquoi a-t-il l’air plus méchant que le type que je dois dénoncer ? »

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Etape n°2 : affrontements et frottements.

Notre héroïne se retrouve maintenant en huis-clos avec le méchant, mais néanmoins très bel agent. Ce n’est pas parce qu’elle s’est attardée longuement sur la musculature impressionnante de celui-ci lors de leur rencontre qu’elle va ensuite lâcher l’affaire. Non… Elle n’aura de cesse de s’extasier dessus tout au long du livre (moins de 200 pages, ne l’oubliez pas). Nous allons ici découvrir ce que les experts appellent LE POTENCIEL EROTIQUE CACHE D’UNE SCENE.

« Il me tournait le dos, occupé à remuer le mélange savoureux qui cuisait dans le fait-tout (parce qu’en plus d’être beau… le héros sait faire la cuisine).

- Je peux vous aider ?

- Non.

- Si vous voulez, je peux éplucher un truc, ou couper quelque chose.

- Non.

Je vis au raidissement de sa carrure que je commençais à l’énerver.

- Bon bah je vais mettre la table alors.

- Faites donc ça.

Au moment où je déposais une assiette sur la vieille table en bois, une douleur fulgurante me transperça l’index. Will (fallait lui donner un prénom, non ?) se retourna, alerté par mon cri strident.

- Qu’est-ce qui se passe ?

- Une écharde. Enorme. Dans mon doigt.

Ma voix comme ma main tremblait.

Il prit un air sérieux malgré son regard moqueur, et s’approcha de moi.

- Non ! non ! non ! Ne la touchez pas ! Dis-je d’une voix suraigüe.

Il saisit alors mon bras avec fermeté et, me tournant le dos, le fit passer sous son aisselle. Vu la taille de mon adversaire, je ne pouvais absolument pas voir ce qu’il se passait. Mais, malgré ma panique, j’en profitais pour poser ma joue contre son épaule tendue et passais, l’air de rien, mon bras valide autour de sa taille.

J’entendis, au-dessus des battements affolés de mon cœur (je vous avais dit qu’il y aurait de la niaiserie !) un bruit de couverts.

- Qu’est-ce que vous faites !

- Je prends un couteau, au cas où il faudrait vous amputer.

- Vous plaisantez.

- Ouai.

- C’est pas un « Ouai » sincère et honnête, ça !

- ça y est, c’est fini.

Il relâcha son étreinte, et je pus admirer son travail. Mon doigt était là, et, malgré la goutte de sang qui y perlait, il était intact. Je ne pus m’empêcher de lui dire :

- Au fond, vous êtes d’une grande douceur. »

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Etape n°3 : Grincements du lit, grincement des dents.

Voici venir le moment fatidique, celui que toute lectrice attend depuis le début du livre, le bisou ! Et ensuite, la scène de cauchemar, où les vrais méchants attaquent les gentils.

« Cela faisait maintenant deux semaines que je cohabitais avec l’agent Sculder. Tout ce que j’avais appris de lui, c’était que : un, il était ronchon au réveil ; deux, il était ronchon toute la journée ; trois, il détestait qu’on le surnomme Will. Bref, soit beau et tais-toi. Je commençais à étouffer dans cette atmosphère saturée.

- Je sors me balader.

- Non.

- « Nan, nan, nan… » Vous n’avez que ce mot-là à la bouche ! J’en ai marre, je me barre.

- Vous restez ici, c’est un ordre !

Je montais dans ma chambre pour faire ma valise. Il était hors de question que je reste une minute de plus aux côtés d’un type craquant qui était si froid avec moi ! Il me suivit d’un pas lourd d’énervement. Il ne disait rien tandis que je m’avançais vers la porte d’entrée. Je ne l’avais ouverte que de quelques centimètres lorsqu’il y plaqua sa large main. Il la referma d’un geste rageur.

- Will, je t’en prie, laisse-moi sortir.

- Non.

Arg ! J’essayai de le frapper et il me poussa alors brusquement sur le battant. Collant son corps au mien, il me murmura, ses yeux lançant des éclairs :

- Et ne m’appelle pas Will…

Là, franchement, je ne pu me retenir plus longtemps. J’avançai ma bouche, et dans un mouvement rapide, lui vola un baiser. Il se recula, plus surpris qu’en colère. J’en profitais alors pour m’échapper. C’était peine perdue. Il me rattrapa, saisit mon bras, et m’enserra la taille. Il me regarda droit dans les yeux, mais ce n’était plus de la rage que j’y voyais, les éclairs avaient cédé la place à des étincelles… Il prit mon visage entre ses mains et me donna le baiser le plus hollywoodien que j’eue reçue jusqu’à présent. Ses lèvres sèches et chaudes écrasèrent les miennes et sa langue se fraya un passage dans ma bouche. Mes genoux tremblèrent tandis que cette situation se prolongeait. Ce fut un baiser sauvage, tout comme lui, nos corps s’abandonnaient totalement dans cette étreinte. Il posa sa main sur ma nuque, et m’entraîna, cette fois-ci avec plus de douceur, vers la chambre… »

Et patati et patata ! Censure parentale ! J’aurai pu aller plus loin mais il aurait fallu que j’interdise mon blog aux moins de 18 ans !

Et maintenant, l’arrivée des méchants. Toujours au bon moment. Pour faire court, ils débarquent alors que nos jeunes tourtereaux sont enlacés dans de beaux draps. L’agent Sculder sort un flingue d’on ne sait où, dit à l’héroïne de se cacher, et part à la chasse (très homme de Croc-Magnon tout ça).

Au vu de l’extrême violence verbale et physique qui suit, nouvelle censure. On résumera par l’acte final du héros : « Pan ! Pan ! T’es mort ! »

Les méchants sont maintenant morts, et comme par hasard, c’est après la bataille que les renforts arrivent. On retiendra surtout la réplique du chef : « Agent Sculder, pourquoi portez-vous votre T-Shirt à l’envers ? »

En conclusion, on passe le Happy-End, qui n’a plus grand intérêt après la scène de cul.

Harlequinades

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Commentaires
E
@ Iliane : euh... c'est moi qui l'ait écrit ;)<br /> Mais j'ai déjà lu un Harlequin écrit à la 1ère personne !
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I
Je ne sais pas ce que c'est que ce texte, assez bien écrit soit dit en passant, mais en tout cas c'est tout sauf de l'Harlequin. Jamais vu un Harlequin traité à la première personne.
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S
Hé hé... Parfaite conclusion !<br /> On ajoutera que souvent le méchant dans sa bêtise (car sous se dehors effrayants il est bête et borné) aide souvent au dénouement interdit aux moins de 18 ans... ;)
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L
Eh bien ça fantasme dur, ici !!!!! Je me régale en faisant le tour des billets, mais là, ton imagination me laisse pantoise...
Répondre
L
Eh bien ça fantasme dur, ici !!!!! Je me régale en faisant le tour des billets, mais là, ton imagination me laisse pantoise...
Répondre
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