Quand le libraire fait la loi
Tout le monde en parlait, ou presque, dans la blogosphère. Le Libraire de Selinonte, de Roberto Vecchioni, raconte l'histoire d'un vieux libraire bizarre, nouvel arrivé à Selinonte, qui essaie de faire aimer les livres ses habitants, en organisant des lectures orales. Il y a aussi le jeune Nicolino, qui vient en cachette assister à ces séances désertées par la population.
Un soir, le local où le garçon découvre soir après soir les beautés du texte, disparaît dans les flammes. Seuls les pages des livres lus subsistent, s'envolant en emportant la parole. Dès lors, les habitants de Selinonte seront incapables de prononcer une parole.
Je ne vais pas me ranger à l'avis de tous. Je n'ai pas du tout apprécié ce livre. L'écriture est certes belle, mais le côté absurde d'un ptit vieux qui s'échine à lire à voix haute devant... personne, si ce n'est un gamin planqué, alors qu'il pourrait tout simplement ouvrir sa boutique et partager plutôt qu'inculquer, ça m'énerve. Les cours magistraux comme ça ne laisse pas le lecteur se plonger seul dans l'oeuvre que lui a choisi de lire, de faire seul la découverte du texte. C'est un égoïsme intellectuel que j'ai toujours eu du mal à supporter.
Enfin, le roman n'est pas exceptionnellement épais (125 pages), et un tiers est "mangé" par les citations des livres lus dans la librairie. Je trouve ça un peu gonflé de broder autour ensuite, paraphrasant la plupart du temps ce qui vient d'être dit pour l'expliquer.
Et dire que c'est un livre sur la perte du sens, il ne faut pas exagérer. On ne le voit que dans les dernières pages, et les sourds-muets se débrouillent bien pour commmuniquer ! Je dirai plutôt que c'est un livre sur l'intolérance. De la part des habitants pour la lecture, vis à vis de tous, et de la part du libraire même, pour moi. En gros, je n'ai pas trouvé ce livre aussi passionnant que les autres...